Vie du projet
La phase d'exploitation

Cette fiche expose les différents impacts que peuvent avoir les éoliennes terrestres sur la biodiversité et les outils à disposition pour les limiter au maximum.

Sommmaire

Tout comme la construction, l’exploitation d’un parc éolien terrestre peut avoir des impacts sur la biodiversité en général, les habitats, les services écosystémiques, la faune, principalement les oiseaux et les chauves-souris, mais aussi sur les insectes, les mammifères, les reptiles, les batraciens. Elle peut enfin avoir des impacts sur les habitats. Il convient de les mesurer et de prendre les précautions nécessaires pour les réduire ou les éviter.

Au-delà des précautions, il ne faut pas négliger la sensibilisation aux enjeux locaux de la biodiversité des personnes travaillant sur le site. 

1. Les oiseaux, victimes de collision et de dérangement

Les éoliennes constituent en premier lieu une perte d’habitat mais aussi un obstacle pour les espèces volantes, en particulier les oiseaux, source de collisions et de mortalité. C’est ce qu’indique une étude de la LPO France, dont les résultats sont repris par un article publié dans la revue NATURAE, une publication du MNHN et de l’OFB . La LPO a analysé 197 rapports, entre 1997 à 2015, issus de bureaux d’études et d’associations naturalistes.  Son travail montre que la mortalité des oiseaux en France est de 0,3 à 18,3 oiseaux par éolienne et par an. Ce chiffre est par ailleurs jugé sous-estimé par la publication compte tenu des protocoles appliqués à l’époque de détection des cadavres en pied de mâts.  Ce sont principalement des martinets, des passereaux migrateurs et des rapaces nocturnes qui sont touchés, en raison de leur comportement en vol (manœuvre limitée en vol, chasse à proximité des pales d’éoliennes où s’agglutinent des insectes, etc.). Cette mortalité ne prend pas en compte les effets à long terme sur les dynamiques des populations qui seront d’autant plus importants que les espèces tuées sont longévives (c’est-à-dire que ce sont des espèces à longue durée de vie mais à faible capacité de reproduction et qui sont donc très sensible à la moindre sur-mortalité). C’est ce qui fait que les éléphants sont plus fragiles que les fourmis ! Les chauves-souris et les rapaces font partie de ces espèces longévives, contrairement aux pigeons par exemple. Cela affecte particulièrement les espèces dont les effectifs sont déjà très érodés. L’impact peut être alors grave même avec un nombre d’individus tués qui peut sembler peu important.

Par ailleurs, le dérangement que provoque l’implantation d’éoliennes peut perturber fortement certaines espèces d’oiseaux notamment en ce qui concerne leur alimentation, la nidification, le niveau de densités d’oiseaux ou bien encore la structure du peuplement (rapport de la LPO et l’ONFCS, 2019). Cela peut conduire à leur déplacement temporaire ou définitif.

2. Les chauves-souris, victimes de barotraumastismes

Si les chauves-souris sont moins touchées par les collisions, en revanche, elles peuvent être victimes de phénomènes de barotraumatisme liés aux variations brutales de pressions autour des pales. Cela peut causer des lésions pulmonaires mortelles. Le nombre de chauves-souris tuées chaque année par éolienne varie de 15 à 30 mais peut s’élever jusqu’à 90 dans les Parcs n’ayant pas mis en place de mesures de protection. L’estimation des mortalités réelles reste encore très complexe. Un protocole standard désormais en place permettra d’affiner ces estimations qui ne font pas l’objet d’un consensus scientifique.

3. Quelles mesures de protection adopter ?

La première protection réside dans la conception même du Parc, en choisissant l’implantation géographique des éoliennes et le type de machine (hauteur de garde au sol, taille des rotors, etc.). Le fait de ne pas placer les éoliennes perpendiculairement à l’axe de migrations des oiseaux réduit les collisions selon l’étude réalisée par la LPO pour le Compte de la DREAL Champagne Ardenne.

En outre, sans être véritablement satisfaisantes, certaines mesures ont cependant été développées pour tenter de réduire les risques de collision : des systèmes d’effarouchement par émissions sonores, le plus souvent. Encore faut-il mettre en place un système efficace de détection en temps réel de la faune sauvage. Mais ces systèmes présentent de nombreux problèmes liés aux angles morts ou au contre-jour. Par ailleurs, la faune volante pourrait s’accoutumer aux émissions sonores annulant toute efficacité du système.

Une autre mesure simple consiste à arrêter les éoliennes dans les périodes durant lesquelles la faune volante concernée a une forte activité. Il est pertinent d’en faire de même lorsque certaines activités agricoles, comme la fauche, attirent les rapaces.

Il existe par ailleurs des systèmes de détection d’oiseaux qui déclenche un signal à l’éolienne pour réduire la vitesse des pales et ainsi le risque de collision, comme l’explique en détail une note technique du Centre de compétences protection de la nature et transition énergétique.

En France,  le projet de recherche multi-acteurs et collaboratif « Réduction de la Mortalité Aviaire dans les Parcs Éoliens en exploitation » devrait conduire à améliorer les systèmes de détection et d’effarouchement d’oiseaux. 

En outre, pour les chauves-souris, il existe des dispositifs comme le ProBat Allemand qui permettent d’adapter précisément le bridage grâce à l’intelligence artificielle. En traitant les ultrasons émis par les chauves-souris et enregistrés par des microphones, un logiciel analyse leur fréquence des passages et ralentit ou arrête l’éolienne.

4. Le suivi des impacts : un impératif réglementaire

L’exploitant doit mettre en place un suivi environnemental en application de l’arrêté du 26 août 2011 sur l’éolien/ICPE modifié par l’arrêté du 10 décembre 2021. « Au moins une fois au cours des trois premières années de fonctionnement de l’installation puis une fois tous les dix ans, l’exploitant du parc éolien met en place un suivi environnemental permettant notamment d’estimer la mortalité de l’avifaune et des chiroptères due à la présence des aérogénérateurs. »

Ces suivis doivent permettre :

  • D’estimer la mortalité de l’avifaune et des chiroptères.
  • De comparer les impacts effectifs avec les conclusions de l’étude d’impact du dossier d’autorisation environnemental. 

Le suivi mis en place par l’exploitant du parc éolien doit être conforme au protocole mis en place par le ministère (2018). Et depuis la loi RBNP de 2016, toutes les données de suivi environnemental doivent être téléversées dans une base de données nationale : DEPOBIO.