Vie du projet
La phase de chantier

Cette fiche s'intéresse à la phase de chantier et vous donne les éléments à prendre en compte pour minimiser en amont son impact sur la biodiversité par une bonne gestion du site d'implantation du projet d'éolien terrestre.

Sommmaire

La phase de chantier présente des risques potentiellement importants pour la biodiversité. La construction d’un parc ne se limite pas en effet à l’édification des éoliennes. Il faut également réaliser des aménagements comme la création de routes d’accès, des raccordements entre les éoliennes et au réseau, des bâtiments annexes permanents comme les transformateurs électriques ou des bâtiments temporaires comme ceux de la base de vie du chantier. 

La superficie concernée dépasse donc celle consacrée aux seules éoliennes. Ainsi, si la seule emprise au sol d’une éolienne n’excède pas 15 à 30 m², le terrassement concerne une superficie de 300 à 700 m² pour réaliser la fondation. Pour que les engins de chantier et la grue de montage puissent évoluer, il faut par ailleurs réaliser une plateforme de 1 000 à 1 500 m². Avec les autres aménagements, les chemins, les parkings, chemins des­tinés au passage des convois exceptionnels, l’emprise au sol d’une éolienne peut donc varier de 1 500 à plus de 3 500 m², selon le parc.

Pour réduire ces impacts, il convient de les anticiper très en amont et de mettre en place le plus tôt possible les mesures et modalités de gestion qui conviennent. 

En outre, mieux vaut que les entreprises et les ouvriers qui interviennent sur le chantier soient sensibilisés à ces impacts, et élaborer avant le chantier, des documents-cadres (voir notamment document professionnels OFB)  : plan de respect de l’environnement, schéma d’organisation, de gestion et d’élimination des déchets, plan des installations de chantier, plan des assainissements provisoires, les diverses procédures d’intervention d’urgence en cas de pollution accidentelle, procédures de suivi de la qualité des eaux superficielles, etc. Enfin, il appartient au maître d’ouvrage d’effectuer les contrôles nécessaires pour s’assurer de la prise en compte de ses impacts par les entreprises prestataires.

1. La préparation du chantier : une phase à ne pas négliger    

Avant le chantier, une série de mesures permet d’en réduire les impacts. Ces précautions sont tout aussi importantes que celles prises pendant le chantier. Il ne faut donc pas les négliger.

Sans vouloir lister toutes les mesures possibles, sont présentés, ici sur le site, quelques-unes d’entre elles préconisées par l’OFB,  le ministère de la Transition écologique et solidaire, le CEREMA (pour les mesures concernant les infrastructures routières du chantier), la LPO et l’ONCFS , et le WWF.

  • La délimitation physique du chantier, par des barrières par exemple, permet de circonscrire de façon matérielle l’espace dédié au chantier et ainsi d’éviter la dégradation des espaces et des habitats environnants, en particulier par le piétinement des personnes travaillant sur le chantier. Le piquetage, destiné à prendre en compte les zones à enjeux botaniques, doit se faire préférentiellement en période de floraison. Par ailleurs, s’il est nécessaire de transférer des plantes avant les travaux de défrichement ou de déboisement, cette opération doit être anticipée pour prendre en compte le délai d’obtention de l’autorisation préalable sans laquelle il n’est pas autorisé de réaliser des transplantations. Une clôture limitera également l’intrusion de la faune sauvage et les risques de collision avec les engins. Cette mesure pourra être complétée en limitant la vitesse des véhicules sur le chantier.
  • Les zones où se trouvent des espèces protégées végétales doivent être indiquées clairement par des balisages et protégées. La destruction d’une espèce protégée aura des conséquences d’autant plus graves pour la biodiversité que cette espèce sera peu ou pas du tout présente dans un environnement proche.
  • Il convient de vérifier les trous d’arbres et les trous dans les souches ainsi que les terriers avant d’abattre un arbre et de procéder à des effarouchements et des piégeages au début du printemps s’il est nécessaire de déplacer un animal.
  • Il faut organiser l’emplacement, le nombre et la superficie des bâtiments de la base de vie du chantier pour limiter leur emprise au sol. Il est important qu’ils soient installés prioritairement dans des zones déjà remaniées pour ne pas induire de nouvelles dégradations du milieu. Aucun rejet direct dans la nature ne peut être admis. C’est pourquoi les eaux utilisées pour la cuisine, les toilettes ou les douches devront, a minima, être stockées dans des réservoirs. Il pourra être nécessaire d’aller plus loin et d’installer une station d’épuration sur le site, selon le volume des eaux usées à traiter.
  • Le maître d’ouvrage veillera également à ne pas rechercher une trop grande planéité du terrain lors de sa préparation pour le chantier afin de faciliter le retour à un paysage plus naturel une fois le chantier fini et ces parties du terrain revégétalisées. 

Il faut choisir le tracé des chemins d’accès et l’emplacement du poste de livraison avec le même soin que l’emplacement des éoliennes. Selon ce choix, les impacts peuvent être plus ou moins importants : destruction du milieu naturel et perturbation du milieu physique lié notamment à l’arasement des talus. Mieux vaut privilégier les chemins existants lorsqu’ils existent. Par ailleurs, ces nouveaux chemins peuvent entraîner par ailleurs par la suite une surfréquentation du site, du fait de l’ouverture de nouveaux accès, qu’il convient d’anticiper.

2. Un calendrier adapté à la faune

Le maître d’ouvrage devra adapter le calendrier des travaux à la sensibilité de l’environnement naturel et de la faune. Ainsi, mieux vaut éviter les périodes de nidification des espèces d’oiseaux présentes sur le site et qui sont sensibles au dérangement. Il convient ainsi de réaliser les travaux les plus impactants comme le défrichement ou le décapage des sols en dehors de ces périodes. Cela peut concerner également les mammifères, les amphibiens et les reptiles. Si des gîtes de reproduction ou d’hibernation de chiroptères se trouvent à proximité, le calendrier du chantier devra également tenir compte de leurs périodes d’activité intense et d’hibernation. Lors des périodes les plus critiques, il est alors préférable d’exclure complètement tous travaux.

3. Une attention aux eaux pluviales pour préserver le milieu naturel terrestre et aquatique

La gestion des eaux pluviales est un enjeu important sur le chantier pour la préservation des habitats naturels riverains notamment aquatiques et humides. Il convient, notamment, d’éviter toutes pollutions des sols et cours d’eau, dont des apports de matières en suspension liés à l’érosion. Il est vivement conseillé de mettre en place une approche « multi-barrières », qui vise à protéger les talus décapés, à gérer les ruissellements superficiels et à traiter les eaux avant leur restitution dans les milieux naturels. Par ailleurs, la présence d’un parc éolien engendre une augmentation des surfaces imperméabilisées et peut aggraver les ruissellements et l’érosion lors de la phase de chantier, en particulier sur les emprises décapées. C’est un enjeu qui concerne le parc également lors de sa phase d’exploitation. Il importe par conséquent de réaliser des aménagements pour réduire les vitesses d’écoulement et faciliter l’infiltration des eaux. Des ouvrages de collecte et de stockage pourront d’ailleurs avoir été prévus dans les mesures de réduction. C’est également pour éviter la pollution des milieux riverains situés en aval qu’il faut porter une attention particulière aux risques de pollution chronique ou accidentelle. Cela implique un contrôle rigoureux des intrants, des consignes précises et strictes pour l’entretien des engins de chantier, en particulier le lavage des engins dans des zones spécialisées et adaptées, et la mise en place de protocole pour le stockage des liquides.

4. Les terres végétales : une ressource précieuse

Les terres végétales excavées pour réaliser les fondations des éoliennes ou issues des surfaces décapées pour le terrassement sont une ressource précieuse. Leur composition biochimique et le réservoir de graines qu’elles contiennent sont parfaitement adaptés aux conditions locales. Il importe donc de ne pas les compacter et de les stocker à proximité en particulier pour recouvrir les fondations et les emprises temporaires du chantier. La végétation locale pourra alors revenir de façon spontanée ou en en réensemençant les sols par des espèces locales. Il est recommandé d’utiliser des semences labellisées « végétal local ».

5. Les espèces végétales exotiques envahissantes : une menace à maîtriser

Une espèce végétale exotique envahissante (EVEE) est une espèce qui a été introduite volontairement ou accidentellement en dehors de son aire de répartition naturelle et qui menace les écosystèmes, les habitats naturels ou les espèces locales par sa capacité à coloniser un nouveau territoire au détriment d’autres espèces. Les espèces exotiques envahissantes sont une des causes majeures de l’érosion de la biodiversité

Plusieurs facteurs peuvent favoriser leur implantation. C’est ainsi le cas du décapage des sols. Par ailleurs, les engins de chantier, mal nettoyés, peuvent également apporter des graines de EVEE et les disperser sur le site. Enfin, l’utilisation de terres extérieures peut également favoriser la dispersion de ces espèces car elles peuvent contenir des graines de EVEE.

La Fédération nationale des travaux publics a élaboré un guide de bonne gestion pour limiter la propagation de ces espèces. Pendant le chantier, cela implique : une bonne gestion des terres, une coupe à 10 centimètres lors des fauches d’entretien sur les bords de route notamment, la vérification de l’origine des matériaux extérieurs en particulier pour le remblai et enfin un nettoyage minutieux des engins de chantier. Enfin, il faut faire un suivi écologique du site pendant le chantier pour éradiquer les plantes envahissantes dès leur apparition. Des retours d’expériences sur les mesures à mettre en place selon les espèces, et des informations sur leur répartition géographique sont également disponibles sur le Centre National de Ressources EEE .